Défendre un nouvel « acte de décolonisation » pour l’Outre-Mer

Il est grand temps pour la République d’assumer pleinement son passé colonial, et d’affirmer une rupture radicale avec les politiques néocoloniales menées dans ses territoires extra-européens depuis la deuxième moitié du XXe siècle.

La colère gronde dans la plupart des départements et collectivités françaises extra-européennes. Et pour cause ! Si ces territoires représentent pour le francais hexagonal lambda un havre de paix, un petit paradis propice à des vacances exotiques, la réalité sociale et économique des habitants natifs de cette autre France est bien loin de la carte postale : absence totale de visibilité dans les médias nationaux ou dans les programmes d’histoire nationaux, vie chère du fait de la dépendance aux importations européennes (régions ultrapériphériques de l’UE), sous-dotation des collectivités au regard de leurs besoins, racisme systémique, absence de souveraineté monétaire dans les territoires n’appartenant pas à la zone euro, etc…

Sur le plan lexical, les termes mêmes de « Métropole » (cité-mère) et d’ »Outre-Mer » traduisent parfaitement le regard asymétrique et eurocentrique (néocolonial) que porte la France sur ses territoires extra-européens. Sans parler du déni de souveraineté manifesté par l’Etat, comme par exemple en Nouvelle-Calédonie, où toute tentative d’autodétermination par le peuple Kanak est balayée avec mépris.

En somme, pour un grand nombre de citoyens des anciennes colonies, la promesse républicaine d’égalité affichée lors des différents actes de décolonisation par intégration (départementalisation de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Réunion en 1945, accords de Matignon en 1988 puis accords de Nouméa en 1998 sur le statut de la Nouvelle-Calédonie, départementalisation de Mayotte en 2009, …) n’est pas tenue.

Il est grand temps pour la République d’assumer pleinement son passé colonial, et d’affirmer une rupture radicale avec les politiques néocoloniales menées depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Cela passe par un enseignement plus développé et plus honnête de l’histoire coloniale française dans nos programmes scolaires, une plus grande visibilité dans les médias nationaux et dans la création audiovisuelle française, la possibilité pour ces territoires d’intégrer les espaces de libre-échange de leur zone géographique, la reconnaissance d’une souveraineté monnétaire, et la possibilité d’adapter leur législation et leur réglementations à leurs réalités économiques et sociales, souvent bien différentes du contexte hexagonal.

Enfin, il est grand temps de remettre sur la table la question de l’autodétermination de ces territoires, sans manipulation ni chantage.

Philippe Bois Paulmin