Besoins et reconnaissances des personnes en situation de handicap psychique

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En tant que personne concernée par un handicap psychique, je constate chaque jour à quel point ce type de handicap reste mal perçu et mal compris dans le monde du travail. Les entreprises — direction comme personnel — manquent cruellement de formation, de sensibilisation et parfois même de bonne volonté. Les préjugés persistent et les stéréotypes ont la vie dure.

Récemment sorti d’un ESRP, j’ai été profondément déçu de constater que c’est encore à la personne handicapée de se plier aux exigences du marché de l’emploi, et non l’inverse. Encore de nos jours on nous répète que “quand on veut, on peut”, mais cette formule est une violence symbolique pour tous ceux qui vivent un handicap psychique. Il faudrait au contraire promouvoir une approche réaliste : “quand on peut, on veut”, qui reconnaît les fluctuations, les limitations, les besoins médicaux et les contraintes réelles de nos parcours.

À cela s’ajoute un manque alarmant de médecins spécialisés, et des parcours de soins fragiles, parfois inexistants. Comment espérer une insertion professionnelle stable lorsqu’on n’a même pas accès au minimum en matière de suivi psychiatrique, d’accompagnement thérapeutique ou de continuité des soins ?

Enfin, il est indispensable d’assurer un minimum vital aux personnes handicapées, avec ou sans emploi. La pression à l’emploi ne peut pas être la seule réponse politique. La dignité ne devrait jamais être conditionnée à une capacité à travailler à temps plein, régulièrement ou selon les normes dictées par un marché de l’emploi qui n’est pas pensé pour nous.

Pour toutes ces raisons, j’appelle à une politique ambitieuse et réaliste en faveur du handicap psychique :

– une sensibilisation obligatoire des entreprises, RH et encadrants ;

– un véritable accompagnement médico-social continu ;

– des aménagements de poste adaptés, reconnus et surtout respectés ;

et la garantie d’un filet de sécurité financière (AAH ou équivalent) pour éviter que les personnes handicapées psychiques ne tombent dans la précarité.

Une société inclusive ne peut exister sans une reconnaissance du handicap psychique et de ses spécificités. Il est temps d’en faire une priorité.

Thomas Demol