Création de la première brigade dronique dans une armée d’Europe de l’ouest

Moderniser l’armée française avec la création d’une unité militaire d’échelon intermédiaire et interarmes, capable de déploiement autonome et dédié à l’accompagnement d’une division en haute intensité.

L’emploi de drones dans la transformation de l’armée de combat est daté de la fin des années 1980, même si des projets exploratoires étaient en développement depuis 1964 (R20 puis CL89).

Au delà d’une première coopération bilatérale dans la formation de dronistes français à l’emploi du MQ9 (Reaper) à la Creech Base (La grande base drone du Nevada), l’armée de terre a pu compter au tournant du 21eme siècle sur le développement de deux régiments opérationnels dédiés, d’abord le 7ème d’artillerie puis le 61eme d’artillerie.

Le 61eme régiment d’artillerie de Chaumont devient à la fin des années 2000 un centre de formation de référence en Europe pour les dronistes, avec le CISA (CFD), qui s’ouvre alors à l’usage du drone dans de nouvelles missions autres que le combat.

Avec la démocratisation du drone dans tous les Corps Air-Terre-Mer, le centre de formation de Chaumont accueille à partir à partir de 2010 des militaires issus de nombreuses unités interarmes. Bientôt des dronistes qualifiés sont engagés dans des emplois diversifiés.

Intégré par le haut commandement pour le continuum sécurité-défense, le drone est systématisé dans le renseignement et fait son entrée dans la gendarmerie.

La contre insurrection kurde contre l’État Islamique, la lutte antiterroriste au Sahel, la piraterie yéménite et enfin l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont accéléré et systématisé l’emploi du drone FPV dans les combats du 21eme siècle. Parallèlement le centre de formation de Chaumont engage des approches plurielles et multicapacités en entraînant à la télé opération, à l’ingénierie, à la tactique de formation, à l’utilisation de l’infiniment petit (micro et nano drones).

La transformation du centre CFD de Chaumont en école de drones pour l’ensemble du territoire poursuit la bonne dynamique de modernisation de ns capacités.

Il existe aujourd’hui des dronistes actifs dans de nombreuses unités. Cependant l’usage de l’atout drones nous montre au travers de la réalité du terrain en Ukraine, que la France n’est pas encore prête à s’engager dans un conflit de haute intensité sans un renforcement propre et une autonomisation des drones à l’appui d’un déploiement en OPEX de ses autres unités.

Il s’agirait ici, en s’appuyant sur la réussite de la création de la brigade logistique interarmes, fin 2023, prête au déploiement en support à deux brigades au combat, de créer maintenant une brigade dronique sur le même modèle.

Une brigade interarmes à l’échelle nationale, engageant des régiments orientés terre-air et mer, incluant l’école des drones de Chaumont et poursuivant la formation de dronistes issus de tout le territoire, mais préparant également la création, lente mais progressive, de bataillons autonomes et dédiés à des missions spécialisés en haute intensité : drones renseignement (avec le CR de Strasbourg), drone transport, drone attaque, drone défense, drone interception, drone soutien au programme MGCS, etc.

La création de la brigade, inspirée du modèle de développement ukrainien, s’appuiera sur le large concours de la société civile et le recrutement à au moins 50% de ses effectifs de réservistes, à des fins de formation mais aussi de partages d’expériences (techniciens, ingénieurs, pilotes, informaticiens).

Damien Lambert