Audition de Michel Wieviorka
Sociologue, directeur d’études à l’EHESS et ancien président de l’Association internationale de sociologie. Il a développé une sociologie de l’action, tenant compte des nouveaux phénomènes culturels : mondialisation, subjectivité, individualisme. Il l’a appliquée à des sujets divers, connaissant une consécration pour ses travaux sur le terrorisme, la haine et la violence, ou encore le multiculturalisme.
Dans un contexte national tendu, où la montée de l’extrême droite tend à installer durablement la question identitaire dans le débat public, tandis qu’on observe aussi en parallèle une hausse des agressions à caractère racistes, xénophobes et antireligieux. Nous devions questionner la place de l’action publique face à ces constats. Michel Wieviorka a pu développer la place du multiculturalisme face au modèle Républicain.
Points clés de l’audition
Pour Michel Wieviorka, la gauche doit se repenser comme le vecteur d’un universalisme inclusif, capable de concilier égalité sociale et reconnaissance culturelle. Le modèle républicain français s’est peu à peu délité face aux nouvelles revendications identitaires, à la montée des particularismes et à la crise de la représentation. Plutôt que d’opposer la question sociale à la question culturelle, il appelle à une approche démocratique fondée sur la connaissance scientifique et le dialogue, refusant les discours de rupture et de stigmatisation. S’inspirant du multiculturalisme nord-américain sans le copier, il plaide pour une action publique adaptée aux divers contextes locaux, éclairée par la recherche sociologique. Contre les dérives du relativisme ou des quotas identitaires, il défend un universalisme vivant, toujours en extension des droits, fidèle à la raison et à la démocratie. Parmi ses recommandations : soutenir la recherche en sciences sociales, renforcer la démocratie locale et relancer une bataille culturelle pour refonder un modèle républicain ouvert, dialogique et confiant dans la société civile.














